L'ADMINISTRATION CAPETIENNE

 

 

Hugues capet tente de réorganiser l’administration royale dès 989.

Après l’incendie d’Orléans en 989, Hugues Capet vint séjourner au châtelet durant plusieurs mois afin de superviser la reconstruction et la réorganisation de la cité. Il profite de ce séjour pour repenser son administration, mais celle-ci tâtonne encore. Hugues Capet conserve une idéologie de gestion franque et carolingienne, mais d’un autre côté il semble se projeter dans un système qui assurera la transmission du pouvoir royal.

Ainsi, il conserve certains attributs et symboles du pouvoir carolingien  pour montrer à la population qu’il est un roi légitime, à une époque ou le sang de Charlemagne signifie encore quelque chose d‘important. Il conserve également certaines traditions impériales et gouverne en signant des chartes royales émises par la chancellerie, à la manière des capitulaires distribués par les missi dominici.

Mais sur la forme, il communique assez peu avec des grands seigneurs, excepté envers la Normandie, la Touraine et le Berry. Hugues Capet va se contenter d’apposer son sceau sur les chartes et les diplômes émis par la chancellerie, ce qui donnera lieu au fil des générations à des abus de pouvoirs. L’essentiel des privilèges accordés par les premiers capétiens sont pour l’église car là est la véritable influence. Il est également resté fidèle à son principe d’indépendance des seigneurs, mais n’a pas hésité à entrer en guerre contre la Bourgogne afin de récupérer le domaine en héritage.

 

Le grand sénéchal

Il est le plus important des officiers de la couronne, considéré comme un vice roi :

  • Il dirige l’hôtel du roi lorsqu’il est présent (la cour, ses serviteurs, le chambellan, le connétable…)

  • Il dirige l’administration du domaine

  • Il commande aux prévôts, qu’il nomme ou réfute

  • Il dirige l’armée

  • Il nomme un bailli pour le représenter sur une prévôté royale

Le sénéchal est généralement un grand seigneur, qui suit le roi dans ses déplacements. Mais en tant qu’administrateur du domaine royal, il lui arrive de venir séjourner à Orléans pour contrôler l’administration et la bonne marche du domaine.

 

La chancellerie

Le chancelier de France était l’autre personnage le plus important de la royauté après le sénéchal, en charge de l’administration de la justice du royaume, de dresser les ordonnances, les édits et les lettres patentes, mais également de conserver les anciens textes et de conseiller les différentes cours de justice.

A la mort du dernier chancelier de France, l’archevêque de Reims Adalbéron en 989, Hugues Capet ne lui nomma pas de successeur. Néanmoins la chancellerie existait toujours avec des chanceliers. Cet acte entrainera une dilution de l’autorité royale et un affaiblissement de la justice royale, car les actes produits par les différents chanceliers étaient désormais sans forme commune. Parfois même, il n’y avait pas d’acte, seule la parole du roi était retranscrite à l’oral.

 

 

L’administration de la cité

D’une manière générale, la cité est administrée par le prévôt, sous les ordres de son seigneur. Dans les grandes cités comme Orléans, plusieurs prévôts sont nécessaires, ceux-ci siègent au châtelet. Exceptionnellement, et c’est le cas à Orléans, les prévôts sont placés sous l’autorité d’un bailli, lui-même nommé par le grand sénéchal, mais il faudra attendre plusieurs décennies pour que la charge de bailli soit officialisée un peu partout.

Le châtelet d’Orléans possède son propre sceau, aux armes du roi, représenté par une fleur de lys avec à sa gauche un écu aux armes de France et de Champagne, et à sa droite le châtelet, entouré de la légende « Sigillum prepositure Aurelianis ». Le châtelet est compétent au premier degré pour tous les cas civils et criminels, à l’exception des cas royaux. Les sentences du tribunal sont irrévocables, excepté par le roi et peuvent aller très loin ; condamnation à mort, galère à perpétuité, marquage au fer rouge (flétrissure), membres coupés, fouet…

 

Attributions administratives et judiciaires

  • En charge de maintenir la sécurité et la salubrité publique

  • En charge de régler les différents

  • En charge de lutter contre la sédition

  • En charge de réglementer les corporations de métier et de déjouer les fraudes du commerce

 

Le bailli

Nommé par le sénéchal de France, il est le personnage le plus important de la prévôté royale. Il possède donc les mêmes prérogatives que le grand sénéchal, hormis celui diriger l’hôtel du roi. Il est recruté parmi les seigneurs ou les châtelains du domaine, et il devient le garde du sceau du châtelet.

Néanmoins, le bailli ne dirige pas lui-même, ce sont les prévôts qui administrent le domaine et la cité. Pragmatiquement, sa mission principale est de les surveiller et de les diriger, et de représenter le sénéchal et le roi auprès de la population et des seigneurs.

 

Les prévôts

Un prévôt est un agent assermenté chargé d’une mission spécifique, administrative, judiciaire, perception de taxe, financière, militaire...Généralement, le titre de prévôt est donné « à ferme » selon l’expression, c'est-à-dire moyennant une redevance en nature ou en espèce. Cela signifie que ceux qui disposent de moyens peuvent acheter du pouvoir sans être de la noblesse, et qu’ils n’ont pas nécessairement les compétences liées à leur fonction. Cela peut donner lieu à des abus.

Prévôt d’Orléans: Chargé d’administrer la cité d’Orléans et de rendre la justice civile et criminelle. Il est le personnage le plus important après le bailli, qui en général désigne quelqu’un de confiance issu de sa propre famille ou cour. Le prévôt d’Orléans est assisté de clercs, qui ont pour rôle de transcrire les lois et les décisions de justice

Prévot des monnaies: chargé de traquer et d‘arrêter les faux monnayeurs, en charge de frapper la monnaie du royaume et de s’assurer de l’approvisionnement des matériaux nécessaires à la frappe. C’est un personnage central dans l’administration royale, placé sous étroite surveillance non seulement du bailli, mais aussi du grand sénéchal et du roi. Généralement il faut l’assentiment du grand sénéchal ou du roi pour le désigner. Il est assisté par des prévôts d’armes, que l’on appelle aussi des gens d’armes.

Prévôt de la connétablie: Il s’agit en général d’un haut gradé de l’armée. Il est en charge de la gestion des écuries, et de commander aux gardes au sein de la cité pour assurer la surveillance intérieure et extérieure, et surtout assurer la sécurité et la sureté de la ville contre les ennemis et les attaques. Il veille sur le stock des armes et sur la qualité des remparts et des tours, et il doit s’assurer de la bonne tenue des routes de la prévôté pour s’assurer de pouvoir intervenir rapidement dans toute la prévôté royale. A ce titre il a la charge de traquer et d’arrêter les bandits de grands chemins. Il est assisté de maréchaux, des gradés de l’armée, parmi lesquels le maréchal-ferrant s’assure du ferrage des chevaux.

Prévôt des marchands: Il a la charge de réglementer le commerce fluvial et terrestre, de réglementer les corporations de métier et de lutter contre la fraude fiscale. Il fixe et perçoit les taxes et les impôts liés au commerce. Enfin il s’assure de l’approvisionnement de la ville, de la gestion des moulins et des stocks de grains dans les hangars. Il est assisté par des échevins.

Prévôt de la marine : En charge de la gestion des ports des bateaux militaires, de la bonne qualité des ponts sur la Loire, et de lutter contre les trafiquants transitant leur marchandise par bateau. Il est assisté par des mariniers.